Quand j’ai commencé la guitare, beaucoup de mes amis guitaristes me rabâchaient ce conseil: « si tu veux apprendre à jouer propre, il faut jouer sans saturation ».
Je n’aimais pas ce principe parce que j’ai toujours adoré jouer avec des sons saturés. Mais je comprenais la logique de ce conseil: au final la saturation est un cache misère, ça masque un peu les erreurs et nous empêche d’entendre nos réels défauts de jeu. Mais rien à faire, je n’avais pas la volonté, je continuais à travailler en son saturé.
Quelques années plus tard, je me rendais compte que de tous mes amis guitaristes que j’avais à l’époque, j’étais l’un de ceux qui avaient le jeu le plus propre alors que je n’avais jamais eu la discipline de me forcer à m’entraîner en clean.
Quand on parle de propreté, ce n’est pas juste que ça sonne mieux, c’est concrètement une manifestation de la maîtrise réelle d’un instrument. Jouer propre signifie que l’on arrive techniquement à décider de ce qui sonne et de ce qui ne sonne pas. C’est maîtriser totalement les sons qui sortent de la guitare. C’est fondamental.
En fait la réalité est plus nuancée entre clean et disto. Chacun a ses avantages et ses inconvénients.
Inconvénients de travailler en clean
Les problème du clean, c’est que lui aussi peut devenir un cache misère. Essayez de jouer un plan de sweep en clean, ça sonnera à peu près correctement. Mais une fois la son saturé activé, c’est la catastrophe, les notes de chevauchent, le signal est complètement compressé, bref, une bouillie sonore. Et ce n’est pas seulement le cas pour le sweep, prenez n’importe quel plan en aller-retour, on ne s’en rend pas toujours compte mais chaque micro vibration des cordes qui ne sont pas jouées peuvent altérer la propreté d’un plan. Il est nécessaire d’apprendre à « muter » les cordes muettes pour s’assurer de ne pas laisser s’échapper une vibration. Dans certains cas, on utilisera la paume de la main droite, dans d’autres, on préférera les doigts non utilisés de la main gauche. Quand on ne joue qu’en clean, on ne prend absolument pas cette habitude de jeu.
D’une manière générale, le clean empêche donc de se rendre compte des cordes que l’on laisse sonner à tort. Savoir faire taire une corde est aussi important que de savoir la faire sonner.
Avantages de travailler en clean
Par contre là où le clean est intéressant, c’est pour faire travailler la coordination main droite / main gauche. Il ne pardonnera pas un doigt posé trop tôt ou trop tard par rapport à l’autre, et particulièrement à haute vitesse.
Le clean est également pratique pour bosser le légato quand on débute. La plupart des débutants ont tendance à être un peu trop timide sur les hammer on, et la disto trop poussée rattrape le coup artificiellement et c’est un frein à la progression. Dans ce cas, au delà de jouer en clean, je conseillerais carrément de bosser débranché.
Pour résumer, il ne faut pas penser qu’il y a une vérité universelle sur la manière de bosser.
En travaillant seulement en clean, on risque de ne pas savoir faire taire les cordes quand c’est nécessaire, et c’est une qualité indispensable pour maîtriser le jeu solo en saturé. D’un autre côté, le clean à l’avantage de mettre en évidence certains défauts de synchronisation.
Tout dépend donc des plans, de vos objectifs, de vos habitudes de jeu et du style que vous visez.
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