Ce weekend, je bossais un plan sur lequel je suis depuis des semaines. Et enfin, il a finit par passer! Du coup ça m’a donné l’idée d’écrire un peu sur cet état de frustration qui se produit assez souvent chez les musiciens, ce sentiment de ne plus progresser.
Atteindre un plateau
Ça arrive très régulièrement d’atteindre une sorte de plateau, qui semble impossible à franchir, on a l’impression de tout tenter, d’y passer des heures, des jours, des semaines, mais rien à faire, ça ne passe toujours pas.
On finit par vouloir tout laisser tomber, en se disant que tout ça n’est que perte de temps et qu’on fait probablement les choses de la mauvaise façon. Se voir progresser est un élément essentiel de la motivation. Rien n’est pire que le sentiment de stagnation.
Quand on ne progresse plus, il y a toujours une raison, qu’elle soit physique ou psychologique, pour le côté psychologique, il faut peut-être se remettre en cause et se demander pourquoi on fait tout ça. Je vous renvoie à deux de mes articles :
Ici je me concentre davantage sur l’aspect physique des blocages.
Travailler plus pour progresser ?
Le problème, c’est que lorsqu’on se sent stagner, on aura tendance à vouloir modifier sa pratique simplement en ajoutant de nouveau exercices, en apprenant de nouveaux morceaux, et en laissant tomber ces exercices sur lesquels on bloque. En soi, c’est logique, on se dit qu’on ne va pas passer 10 ans sur le même plan ou exercice si on ne fait aucun progrès.
Ce qu’on oublie pourtant souvent, c’est que parfois les exercices ne sont pas en cause, mais c’est plutôt la manière de les pratiquer qu’il faut remettre en cause. Ajouter de nouveaux exercices ou laisser tomber ceux sur lesquels vous bloquez n’est donc pas pertinent.
Prenons une simple montée et descente de gamme. Admettons que vous sachiez jouer le plan à 130 BPM en double croche, mais que vous soyez complètement coincé depuis des semaines et que vous ne fassiez plus aucun progrès, impossible de monter au-delà:
C’est précisément à ce moment-là qu’il faut auto diagnostiquer son jeu.
L’auto diagnostic
Les blocages ont un formidable avantage, c’est qu’ils permettent de mettre en lumière de véritables défauts dans son jeu, ce sont spécifiquement ceux qui sont à l’origine du blocage. Il faut les admettre, ne pas céder à la facilité et accepter de passer du temps pour les corriger.
Mais comment savoir ce qui bloque ?
Pour cela, prenons toutes les composantes du plan qui pose problème pour tenter de tout optimiser :
Comment se place ma main droite ? Est-ce que je ne fais pas des mouvements inutiles ? Est-ce bien mon poignet qui bosse et non pas mon avant-bras ? Comment tenir le médiator plus efficacement ? La pression que j’exerce sur le médiator est-elle appropriée ? Comment se place ma main gauche ?
Le tout est de définir le problème le plus précisément possible pour pouvoir trouver tout un ensemble de techniques et de méthodes pour corriger le problème. C’est un réel effort à faire de ne pas se contenter d’explications comme: « je ne vais pas assez vite » ou « ce n’est pas assez propre ». Il y a toujours une raison sous-jacente à un problème comme la vitesse ou la propreté: un geste, un micro geste qui gâche tout. Un geste qui ne pose pas de problème à basse vitesse mais qui devient un obstacle insurmontable à des vitesses plus élevées.
L’une des techniques imparables pour scruter son propre jeu est évidemment de s’enregistrer. Mais pas uniquement en audio. Filmer en gros plan sa main droite puis sa main gauche en jouant un plan qui bloque peut révéler énormément de pistes d’amélioration. En analysant ainsi son propre jeu, on a une opportunité extraordinaire d’optimiser chaque geste, d’économiser au maximum les mouvements et l’effort nécessaire pour passer un plan. Il faut toujours se focaliser sur l’économie de mouvement.
Se remettre en question
Le temps passé à analyser son jeu est en général très vite rentabilisé car on peut parfois perdre des mois à bosser sur un plan, mais de la mauvaise façon.
Il faut oser remettre en cause son jeu, quitte à reprendre les bases. Ça demande du courage car il faut parfois désapprendre et reprendre depuis le début certains gestes que l’on pensait maîtriser depuis des années. Se sortir de mauvaises habitudes pour réapprendre un mouvement de base peut prendre parfois des semaines.
Arriver à cibler un de ses défauts de jeu n’est pas une malédiction. Au contraire, c’est véritablement une aubaine qui permettra à terme, de gagner des mois de pratique. Et c’est en se remettant ainsi constamment en cause que l’on peut faire des progrès significatifs et ainsi devenir un meilleur guitariste.
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Maîtriser le manche de guitare.
Pour toujours.
En s’amusant.