Vous connaissez sûrement ce petit jeu qui consiste à dire une phrase, puis la répéter en y ajoutant une autre phrase, puis répéter le tout en y ajoutant encore une nouvelle phrase et ainsi de suite…

En cherchant des techniques pour améliorer mon niveau en impro, je suis tombé sur l’équivalent guitaristique de ce jeu. Un peu sceptique au début, j’ai quand même tenté le coup.

Le principe est quasiment aussi simple que l’original: on choisit d’abord une gamme de référence sur laquelle on improvisera. Puis on improvise une première phrase. Le mieux est de commencer avec une phrase simple d’une durée d’une seule mesure. Puis on peut faire une pause de quelques secondes pour se concentrer. Et on se lance: on rejoue la phrase que l’on vient de jouer, et tout de suite après, on y ajoute une nouvelle phrase d’une mesure. On stoppe à nouveau. Puis on rejoue les deux phrases à la suite et on y ajoute une troisième phrase tout de suite après… et ainsi de suite jusqu’à ce qu’on y arrive plus.

Ça parait bête mais cet exercice fait travailler pas mal de choses :

La créativité

  • Il faut improviser chaque phrase en cohérence avec la gamme en cours. Le fait de subdiviser l’improvisation en petites séquences d’une mesure chacune, permet de prendre le temps pour donner un caractère particulier à chaque phrase. Ainsi, on sort des schémas d’impro dans lesquels tout ce qui sort est un flux ininterrompu de notes. On arrivera aussi mieux à produire des structures rythmiques plus variées.

L’oreille et la mémoire auditive

  • Il faut bien retenir chaque phrase et être capable de la reproduire, ce qui est un mélange de travail de la mémoire visuelle et auditive.

L’anticipation

  • C’est là où ce jeu est le plus intéressant, il permet de se rendre compte de la manière dont on improvise habituellement. Sans s’en rendre compte, lorsqu’on improvise, on a tendance à réfléchir aux notes au fur et à mesure qu’elles viennent. On ne se donne donc que quelques dixièmes de secondes pour laisser son imagination, sa créativité s’exprimer. C’est extrêmement court. On repousse le temps créatif au tout dernier moment, au moment où l’on a plus le choix de sortir quelque-chose. Ici, il sera plus facile d’anticiper que pour une improvisation normale, on devra essayer de se forcer à commencer à réfléchir à la phrase suivante au plus tard au moment de jouer la phrase précédente. Au fur et à mesure, on prendra de plus en plus souvent l’habitude d’anticiper, et ce même dans les improvisations classiques, ce qui aide à produire des improvisations plus travaillées, sur lesquelles notre créativité à eu le temps de jouer tout son rôle. Cette manière de faire développe la capacité à penser avant de jouer.

 

Romain